Halte aux open spaces et aux bureaux non attribués !
Plusieurs
recherches en psychologie sociale ont montré ces dernières années
l'impact de l'espace de travail sur la productivité, la motivation, le
bien-être et tout simplement le comportement des salariés (voir aussi
l'article "Influence de la place des interlocuteurs sur la communication",24 Juin 2013 sur
http://sirieix.over-blog.com).
Elton
Mayo avait déjà apporté la preuve, lors de la fameuse expérience
d'Hawthorne (1927 - 1932), que l'amélioration des conditions de travail
était corrélée positivement à l'augmentation de la productivité.
Les
récentes études dans ce domaine expliquent (on s'en doutait...) que la
lumière naturelle favorise mieux la productivité que la lumière
artificielle, que les meilleures performances sont associées à la
proximité et à la taille des fenêtres, que la présence de plantes ou la
vue sur des espaces verts ont des effets bénéfiques sur le stress.
Plus
surprenant est l'effet positif associé au bruit : il semblerait qu'un
certain niveau de bruit de fond donne aux travailleurs "la sensation du
lieu", l'impression d'un espace vivant, et qu'il ne faut donc pas
rechercher à l'éliminer.
Knight et Haslam (2010), de l'université
d'Exeter, affirment que plus les employés ont la possibilité de
contrôler leur environnement, de personnaliser leur espace de travail,
plus ils sont satisfaits, motivés et productifs. Cela va jusqu'à la
possibilité de régler l'éclairage ou le chauffage, d'ouvrir la fenêtre,
de laisser une porte ouverte ou fermée, de déplacer des meubles...
A
l'inverse, Pol, Net et Ferrer (2013) de l'université de Barcelone,
prétendent que les espaces de travail non personnalisés, comme les
bureaux non attribués, empêchent le salarié de s'affirmer. Il ne peut
pas prendre appui sur son poste de travail pour afficher ses
caractéristiques distinctives et son identité au travail.
Quant
aux open spaces, en vogue dès les années soixante, ils avaient été créés
à l'origine pour réduire le coût au m², et justifiés par le fait de
faire disparaître les obstacles à la communication en créant un espace
fluide et transparent. Or, paradoxalement, c'est plus particulièrement
dans ce genre d'espace qu'il faut garder le silence afin de ne pas gêner
les autres. Fischer (1989) ajoute que les bureaux paysagers placent les
employés dans une exposition permanente des uns aux yeux des autres,
empêchent toute forme d'intimité, et incitent, par conséquent, les gens à
adopter des comportements de façade et de fuite.
Tout bon manager
devrait donc réfléchir sérieusement à l'organisation de l'espace de
travail dans son équipe. C'est un préalable indispensable à toute
recherche sur des gains de productivité, c'est aussi un excellent moyen
de prévenir les conflits et de limiter les risques psychosociaux.